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18/11/2019 CASANOVIANA - 2

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03/12/2019 CASANOVIANA-2 CHARLES SAMARAN -STEFANO FEROCI

Charles Samaran

texte manuscrit

Charles Samaran

Texte tapuscrit


Premier chapitre de la revue Casanoviana -2

CHARLES SAMARAN

COMMENT JE SUIS DEVENU CASANOVISTE (*)

            L’ intérêt que je porte à Casanova date de Loin; il tient essentiellement à plusieurs hasards imprévisibles.
       Le premier remonte à ma jeunesse d°étudiant à Paris autour de 1900. Le ménage ami de mes parents qui m'hébergeait sur Les pentes de Montmartre possédait dans sa mince bibliothèque, à laquelle j’avais naturellement accès, un petit fond de conteurs, Voltaire et Diderot, Musset et Mérimée, Le chevalier de Seingalt enfin, dont Les aventures et Les amours vénitiennes étaient présentées en morceaux choisis dans une banale édition populaire.
            Deuxième hasard: à la fin de mes études à L'École nationale des Chartes, je fus désigné pour l’École française de Rome, que je gagnai à l'automne de 1901par Turin, Milan, Venise et Florence. On devine, avec quelle curiosité je liai connaissance avec La reine des Lagunes, La ville natale de Casanova.
            Je dois confesser que mon bref passage dans la cité des doges, éblouissante pour le garçon de vingt ans que j’étais, n’eut rien de spécialement casanovien.
            Je constatai, non sans surprise, que ce voyageur infatigable, cet auteur de mémoires traduits en plusieurs langues n’était guère prophète en son pays. Point de plaque commémorative sur sa maison natale, pas Le moindre vicolo à son nom, rien au Palais ducal qui rappelait au visiteur Le souvenir de son évasion fameuse. Sans doute, sa réputation d’aventurier avait-elle pris le pas sur ses mérites de polygraphe. Quant à moi, très occupé à parcourir l’Italie et à me documenter pour les mémoires que je devais soumettre à notre tutrice, l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, je n’eus ni le temps ni même la pensée de chercher à en savoir davantage sur Casanova.
            C'est è Paris, deux ans plus tard, à mon retour en France, bientôt suivi de ma nomination aux archives nationales(1) , que le hasard - encore Lui - vint pour la troisième fois, me fournir l'occasion de mieux connaître ce Vénitien extraordinaire et de le suivre à la piste dans sa course à travers l'Europe.  
            J'avais été affecté è La Section Judiciaire qui s'était enrichie depuis un demi-siècle des papiers de grandes Juridictions souveraines de l’ancienne France conservées depuis la Révolution au Palais de justice de Paris et venues
en 1847 rue des Franc-Bourgeois, en ce Palais Soubise où Napoléon Ier avait décidé de réunir les archives de la nation française. Il avait même fallu, dans les dernières années de Louis-Philippe y construire une aile nouvelle pour accueillir ce formidable accroissement. Or le chef de la dite Section Judiciaire était alors Emile Campardon (2), Gascon d’origine comme moi et l'un des premiers chercheurs à avoir pu plonger tout à son aise dans cette forêt documentaire. Très au fait de tout ce qui touchait au dix-septième et au dix-huitième siècle, il avait découvert et publié force documents inédits sur Molière et Madame de Pompadour, sur les théâtres de la foire, sur Les Comédiens, français et italiens, etc. Il connaissait, bien entendu, l'Histoire de ma vie de Casanova dans l'édition Garnier et avait aiguillée le conservateur-mathématicien de La
Bibliothèque de la Sorbonne Charles Henry sur le dossier qu'un commissaire au Chatelet avait rassemblé en 1759 sur L'affaire de la jeune et imprudente Justinienne Wynne, dossier que le dit conservateur avait publié en 1889 dans
la Revue historique.
            C’est, on le devine, sous les auspices de Campardon, et avec ses encouragements, que j'entamai et poursuivis assidument Les passionnantes recherches qui aboutirent a mon Livre de 19143 (l’année de la première guerre mondiale) qui, connu un certain nombre de tirages, maïs jamais de réédition véritable, les notes et les cotes d'archives trop nombreuse ayant selon toute vraisemblance effarouché les éditeurs. N'importe! Mon Livre n'était pas passé inaperçu des casanovistes de l’époque, les Français Pollio, Uzanne, Adnesse, Vèze, Guède, Maynial, les étrangères Bleackley, Bull, Cucuel, Marr, Ravà, Di Giacomo, Brunelli, Brunetti, etc., avec lesquels j’ai entretenu, avant 1914 surtout, conversations ou correspondances.
            J'ai déjà énuméré trois des circonstances fortuites qui m’ont incité à m'attacher aux études casanoviennes, au moins à titre de violon d'Ingres : mais j'en ai oublié une quatrième, et ce n'est pas sentimentalement la moins importante. Il s’agit de Jean Laforgue (4), l’un des «teinturiers» de Casanova selon l’expression du Docteur Mars. J'avais appris, je crois bien tout simplement dans l’article de la Grande Encyclopédie signé Henri Vast (Vast et Jaliffiem, manuel d°histoire) qu'en effet un Jean Laforgue, qui avait enseigné, (par quel prodigieux hasard ?) à l'Académie des nobles de Dresde en Saxe, avait plus ou moins tripatouillé, le manuscrit des Mémoires à la demande du libraire Brockhaus, qui en était depuis 1820 le propriétaire, son nom sentait le Midi; je voulus savoir lequel et consultai un jour à la Bibliothèque nationale la biographie de Brockhaus, le Libraire deLeipzig.
            La solution s’y trouvait: ce Laforgue était mon compatriote, natif de Marciac, au département du Gers, le mien. Comment aurais-je pu résister à cette étonnante coïncidence qui ouvrait à ma curiosité des horizons inattendus ?
Et voilà par quels chemins imprévus je suis devenu casanoviste.
Charles Samaran
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* La transcription et les notes sont de Stefano F eroci. Le document vient des Archives Nationales de France, Fonds Charles Samaran, Cote 64-2AP/22. En haut à côté du titre il y a une note manuscrite: «Duplicata originale envoyé au Dr Mars, le 31 - 3 - 82». On ne connaît pas l’usage fait par Mars de ce document, qui ne semble pas avoir été jamais publié.
1 Entré en 1904 aux Archives nationales comme archiviste, mobilisé d'août 1914- à février 1919 durant la grande guerre, directeur d'étude à l'École des hautes études en 1927, profes- seur à l'École des chartes en 1933, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1941, il est directeur des Archives de France de 1941 à 1948, puis directeur honoraire
(sources site web des Archives Nationales de France, Fonds Charles Samaran, http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/).
2 Entré issu d°une famille bourgeoise de Masseube (Gers) où ses ancêtres étaient médecins et chirurgiens, Émile Campardon est un archiviste et historien français né à Paris le 18 juillet 1837 et mort le 23 février 1915. Conservateur aux Archives nationales, dont il dirigea la section judiciaire de 1857 à 1908, il publia au début du XXe siècle les Quatrains et Souvenirs d'un archiviste. Destinés à un cercle d'amis, ces petits livres rarissimes renferment des portraits drôles et impertinents des archivistes du XIXe siècle. Mais il est surtout connu pour ses quatre ouvrages fondamentaux sur l'histoire des théâtres parisiens: Les Spectacles de la foire, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1877, 2 vo1.; Les Comédiens de la troupe fiançaise, Paris, H. Champion, 1879; Les Comédiens du roi de la troupe italienne, Paris, Berger-Levrault et
Cie, 1880, 2 vol.; L'Acade'mie royale de musique au XVIIIe siècle, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1884, 2 vol. Voir HENRI STEIN, Nécrologie. Émile Campardon, «Bibliothèque de l'École des chartes» 76 (1915), pp. 215-216 (https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1915_num_76_1_460819).
3 CHARLES SAMARAN, Jacques Casanaua Vénitien, une vie d'aventurier au X VIII ° siècle, Paris,
Calmann - Lévy, 1914.
4 Jean Laforgue (11 janvier 1782 - 6 novembre 1852) était un universitaire français de Dresde. Il reste connu comme arrangeur littéraire pour avoir réécrit et censuré la première édition des Mémoires de Casanova, la seule disponible pendant près d'un siècle et demi, et maintenant dite «édition Laforgue» (1826-1838). Voir CHARLES SAMARAN, Jean Laforgue, «arrangeur» français des Mémoires de Casanofva (Marciac 1 782-Dresde 1852), «Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France››, 1970-1971, pp. 75-86.


STEFANO FEROCI

POSTFACE

            Aux archives nationales de France, à Pierrefitte, aux portes de Paris, est conservé le Fonds de Charles Samaran: 55 cotes, de 1896 à 1982, qui recueillent ses papiers personnels, papiers de fonction, manuscrits et œuvres, correspondances reçues, fichier de sa bibliothèque, et encore des manuscrits et
articles d’autres historiens. Au moins onze de ces cotes contiennent ses travaux et études historiques sur Casanova, des milliers de pages et de feuillets, écrits avec sa minuscule calligraphie, sans oublier sa correspondance avec les casanovistes les plus connus du monde entier. À partir de 1911 jusque aux années quatre vingt. Une vraie mine d’informations, qui pourrait entretenir la curiosité d'un casanoviste pour toute une vie.
            Parmi ces documents, nous avons eu le plaisir de trouver un article intéressant écrit par Samaran, intitulé: Comment je suis devenu casanoviste.

            Dans ce court article, le Maestro, avec sa prose agréable, nous emmène dans un voyage qui commence à partir de 1900, nous racontant avec ironie quel hasard l'a amené à s'intéresser à Giacomo Casanova.
            Outre l’article dactylographie, dont nous présentons le texte dans ce numéro de Casanoviana, il existe également deux versions manuscrites de l’article dans le Fonds Samaran. Le contenu de ces brouillons, intéressant car il nous permet d'observer l'évolution du texte à travers des modifications et des corrections, est dans l’ensemble très similaire au contenu du texte dactylographie final. Une note manuscrite, insérée sur le texte dactylographie nous indique que l’original de l’article avait été envoyé au casanoviste Francis L. Mars.
            Nous sommes convaincus que les lecteurs apprécieront ce merveilleux article, plus de trente ans après sa rédaction. Bonne lecture.

28 JANVIER 2019 CASANOVIANA-1

Voilà, c'est officiel. Le premier numéro de la revue Casanoviana sera disponible à partir du 29 janvier. Je lui souhaite une longue vie et de nombreux lecteurs et rédacteurs.

Le comité de rédaction est assuré par :

Antonio Trampus rédacteur en chef

Stefano Feroci

Marie-Françoise Luna

Marco Menato

Michela Messina

Tom Vitelli

Helmut Watzlawick

Les articles du premier numéro :

Giuseppe Bignani, An unknown portrait of Casanova

Stefano Feroci, The treasure of the Russian adventure Ivanoff

Marco Leeflang an Tom Vitelli, C sur C

Dino Detailleur, The Bragadin Encounter. A historial assessment of an episode in the Mémoires of Giacomo Casanova

Marco Leeflang and Antonio Trampus, Correspondance between Bernhard Marr and Carlo Leone Curiel. Part 1 : 1919-1920

Michela Messina, A friend of Casanova : the icanography of Karl von Zinzendorf between private space and public destination

Antonio Trampus, Between de Ligne e Zinzendorf : a bio-bibliography of Georges Englebert (1926-1995)

L'abonnement est de 25 euro par numéro. Pour connaître les frais d'expédition envoyer un mail à l'adresse suivante :

Simone Volpato : simonevolpatoeditoria@gmail.com

En précisant votre adresse. 
Expédier ensuite le bulletin d'inscription accompagné du règlement à l'adresse suivante :
Libreria antiquaria Drogheria 28
Via Giacomo Ciamician, 6,
34123 Trieste TS
Italie

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